Ces femmes écrivains qui ont fait évoluer la littérature et la société

 Aujourd’hui nous sommes le 8 mars, c’est la « Journée des droits des femmes ». L’expression est souvent raccourcie en « Journée de la Femme », ce qui ne signifie pas la même chose.

Il est, à mon avis, pareillement nécessaire d’aller vers une égalité homme-femme objectivement observable dans les faits, que de vénérer les qualités de la Femme et la féminité, le monde en a bien besoin.

Cette date est l’occasion de rendre hommage aux femmes écrivains qui ont fait évoluer la littérature et la société.

J’ai établi une liste, non exhaustive, de plus de dix autrices connues et reconnues, elles sont statistiquement moins nombreuses que leurs confrères masculins.

Dans les pièces classiques de Racine (au XVIIe siècle) inspirées de la mythologie grecque, on parle de femmes à la destinée aussi remarquable que tragique telles que Phèdre, Bérénice, Andromaque qui n’ont pas d’autre choix que de renoncer à l’amour.

- Phèdre épouse Thésée, le roi d'Athènes. Mais sous l'influence de la déesse Aphrodite vengeresse, Phèdre tombe amoureuse d'Hippolyte son beau-fils. Celui-ci ne s'intéressant pas aux femmes et n'aimant que la chasse ne répond pas à son amour. Ils connaîtront cependant tous deux un destin funeste.
- Bérénice incarne le sacrifice de l’amour-passion. Titus renonce à l'épouser parce que Rome interdit cette union de l'empereur et d'une reine étrangère. Mais lorsqu'il la confie à Antiochus, roi de Comagène, également amoureux d'elle, Bérénice refuse violemment de partir avec lui et, éperdue, implore Titus qui l'aime plus que jamais. Amour réciproque mais définitivement impossible.
- Andromaque : est une princesse troyenne, veuve d'Hector. Elle est la captive du roi Pyrrhus. Pour sauver son fils, elle accepte d'épouser Pyrrhus, mais reste fidèle à Hector et à sa dignité.

Mais c’est un homme qui écrit et qui décide de la destinée de ses héroïnes. La raison, la fidélité doivent dominer et neutraliser la passion qui finira bien par s’éteindre, une fois les personnages séparés, éloignés par la distance géographique ou par la mort. Seul l’amour vrai et loyal socialement autorisé peut transcender la mort. Il est question de dilemmes sur lesquels l’homme possède un pouvoir actif raisonné, et la femme le « pouvoir » de se soumettre. Les personnes sont malheureuses comme des des pierres mais l’honneur est sauf. L’issue est une morale strictement préservée ou bien la mort.
Cependant la maîtrise du désir, de la passion amoureuse tient d’un héroïsme digne d’admiration.

Qu’ y a t-il de nouveau avec les femmes romancières, autrices de romans sociétaux, érotiques, policiers, de pièces de théâtre, de bandes dessinées, et souvent journalistes ?

Deux siècles après Jean Racine, rappelez-vous que pour accéder à la publication, des femmes comme Georges Sand ont du choisir un pseudonyme qui sonne masculin. Elle choisit d'adopter le prénom George, et y ajoute “Sand”, diminutif de “Sandeau”, nom de Jules, son amant de l'époque.

On dirait aujourd’hui, dans un langage familier, qu’elle a pris le nom de son « jules ».

Georges Sand (1804-1876), est une femme libre de ses idées et de son corps. Elle expose de façon avant-gardiste les sentiments des femmes et décrit des avancées sociales.

Écrivaine républicaine engagée proche des socialistes, elle défend les principes d'égalité.

Elle produisit de façon prolifique plus de 70 romans et 50 volumes d'œuvres diverses dont des nouvelles, des contes, des pièces de théâtre et des textes politiques.

Trois titres indicatifs : Indiana, La mare au diable, Un hiver à Majorque.

Colette (1872-1954)  : de son vrai nom Sidonie-Gabrielle Colette, est autrice, actrice et journaliste française. C’est une écrivaine en quête de son passé à travers ses récits autobiographiques.

Elle cherche à retranscrire le plus fidèlement possible la réalité.

Serge Doubrovsky, inventeur du terme d'autofiction, une variante de l'autobiographie, considère Colette comme une pionnière du genre.

En 1902, elle est une des premières à suivre la mode des garçonnes, coupant ses cheveux nattés, au grand dam, notamment de sa mère.

Libre de son corps, elle montre sa bisexualité au grand jour ; elle a aussi pratiqué l’amour cougar à quarante ans avec son beau-fils de 16 ans. Il ne lui est rien arrivé de tragique contrairement à Phèdre.

Colette transgresse les tabous dans le mode de vie qu’elle choisit et pratique une écriture intimiste.

En juin 1919, Colette est directrice littéraire du journal Le Matin.

De 1922 à 1928, Colette préside le jury du prix littéraire La Renaissance créé par Henry Lapauze en 1921 . Deuxième femme à être élue membre de l'académie Goncourt en 1945, elle en devient la présidente entre 1949 et 1954. Nommée commandeure de la Légion d'honneur en 1986. Elle est la première femme en France à recevoir des funérailles civiles nationales.

Trois titres indicatifs : Le blé en herbe, La chatte , Sido.

Marguerite Yourcenar (1903-1987)  : est née en Belgique, francophone, s’est établie aux États Unis dont elle a obtenu la nationalité. Romancière, nouvelliste et autobiographe, elle est aussi poétesse, traductrice, essayiste et critique littéraire.
Elle est la première femme à siéger à l'Académie française en 1980.

Elle mène une vie libre faite de des voyages et de non conformisme. Elle a vécu en couple avec une femme qui l’a soutenue dans la réalisation de son œuvre.

Trois titres indicatifs : L’œuvre au noir (adapté au cinéma), La voix des choses et sa correspondance.

Marguerite Duras (1914-1996) : écrivaine politiquement engagée et féministe, journaliste, militante pour les droits des femmes, philosophe, autrice dramatique, scénariste, romancière, réalisatrice.

Elle utilise un style d’écriture innovant avec déstructuration des phrases, des personnages, de l'action et du temps. Elle traite les thèmes de l'attente, l'amour, la sensualité féminine ou l'alcool.

Elle renouvelle le roman, bouscule les conventions théâtrales et cinématographiques.

Elle met en scène des personnages issus de la lecture des faits divers. Elle innove sur le déplacement des acteurs, sur la musicalité des mots et des silences.

Animée par une vie sentimentale mouvementée, elle terminera sa vie avec un jeune homme admirateur de son œuvre, bisexuel et beaucoup plus jeune qu’elle.

Son travail a influencé des auteurs connus de la génération suivante.

Trois titres indicatifs : L’amant (prix Goncourt en 1984), Un barrage contre le pacifique, Hiroshima mon amour(scénario, film réalisé par d'Alain Resnais).

Nathalie Sarraute (1900-1999) : est une écrivaine d’origine russe, romancière, dramaturge, avocate. Dans le courant du Nouveau Roman, elle fait partie des auteurs.trices qui ont cherché à réinventer la manière d'écrire, après la seconde guerre mondiale, en s’interrogeant sur la manière de raconter une histoire et de construire des personnages.
Elle a vécu une enfance mouvementée avec le divorce de ses parents quand elle avait deux ans, une famille recomposée et des voyages entre la Russie, la Suisse et la France.

En 1964, elle reçoit le prix international de littérature pour son roman Les Fruits d'or.

Trois titres indicatifs : Enfance, Tropismes, L’ère du soupçon.

Dans Tropismes elle analyse les réactions physiques spontanées imperceptibles, très ténues, en réponse à une stimulation : « mouvements indéfinissables qui glissent très rapidement aux limites de la conscience ; ils sont à l'origine de nos gestes, de nos paroles, des sentiments que nous manifestons, que nous croyons éprouver et qu'il est possible de définir ».
Elle veut révéler « le non-dit, le non-avoué », tout l'univers de la « sous-conversation ».

Faut-il vivre autrement que ses contemporains, mener une vie anticonformiste pour penser et écrire de façon originale et créative ?

A suivre...


Source photographique : Pexels-furkanfdemir


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